Eigen Labs au milieu d’une polémique sur les airdrops de tokens
Eigen Labs, une startup de premier plan dans l’écosystème Ethereum, se retrouve au centre d’une controverse concernant la distribution de tokens lors d’airdrops à ses employés. Selon une enquête de CoinDesk, l’entreprise aurait partagé les adresses de portefeuilles de ses employés avec divers projets de l’écosystème EigenLayer, facilitant ainsi la réception de tokens par ces derniers. Ces airdrops, dont la valeur a atteint près de 5 millions de dollars à leur pic, soulèvent des préoccupations concernant les conflits d’intérêts potentiels au sein de l’entreprise.
La pratique des airdrops au sein d’EigenLayer
Distribution de tokens à la demande
Plusieurs projets utilisant la technologie d’EigenLayer ont reçu des listes de portefeuilles d’employés d’Eigen Labs, souvent à leur demande, afin de distribuer des tokens en guise de remerciement. Une équipe a déclaré à CoinDesk qu’elle avait envoyé à chaque employé d’Eigen Labs une allocation de 80 000 dollars en jetons.
Pression et influence
Cependant, au moins une équipe a révélé avoir reçu cette liste sans l’avoir sollicitée, se sentant ainsi sous pression pour distribuer des tokens aux employés d’Eigen Labs. Cette situation met en lumière la position d’influence qu’occupe Eigen Labs dans l’écosystème, capable de faire ou défaire le succès de projets tiers.
Réactions et mesures prises par Eigen Labs
Interdiction des airdrops
Face à la polémique, Eigen Labs et la Fondation Eigen, qui supervise le projet, ont pris des mesures pour interdire ces distributions de tokens aux employés. En mai, l’entreprise a annoncé qu’elle ne permettrait plus à ses employés de recevoir des airdrops de la part des projets de l’écosystème, cherchant ainsi à prévenir tout conflit d’intérêts ou l’apparence de tels conflits.
Nouvelle politique de transparence
De plus, Eigen Labs a introduit une politique visant à empêcher tout employé d’influencer des transactions pour un gain personnel. Cette mesure vise à renforcer la transparence et la neutralité de l’entreprise.
Contexte plus large dans le secteur Crypto
Transparence et gouvernance
L’affaire Eigen Labs s’inscrit dans un contexte plus large où la transparence et les normes de gouvernance sont encore en développement dans le secteur des cryptomonnaies. Contrairement aux entreprises publiques régulées, les startups crypto ont une plus grande liberté dans la gestion et la divulgation des informations critiques, comme la distribution de tokens. Cette situation laisse parfois les investisseurs avec des informations incomplètes, voire trompeuses, sur les actifs numériques.
Réactions mitigées
Les pratiques d’Eigen Labs ont suscité des réactions partagées. Si certains considèrent ces airdrops comme une pratique courante dans l’industrie crypto, d’autres y voient une forme d’abus de pouvoir. Un fondateur de protocole crypto, ayant requis l’anonymat, a décrit ces paiements comme “hors normes“, même pour le secteur des cryptomonnaies. D’autres voix, comme celle de Cessiah Lopez, chercheuse affiliée à l’Université de Cambridge, ont mis en garde contre les risques que ces actions pourraient représenter pour la crédibilité et la neutralité proclamées par Eigen Labs.
Suivi des transactions et révélations de CoinDesk
Analyse des transactions
Une enquête approfondie menée par CoinDesk a permis de remonter la trace des transactions associées aux employés d’Eigen Labs. Les portefeuilles identifiés recevaient le même nombre de tokens de trois airdrops différents : Ether.Fi, Renzo, et AltLayer. Après avoir reconstitué cette liste, CoinDesk a pu vérifier une majorité de ces adresses avec des sources internes proches des activités d’Eigen Labs.
Ampleur des airdrops
Les données on-chain indiquent qu’entre la fin janvier et la mi-juin 2024, les employés d’Eigen Labs ont réclamé un total de 487 928 tokens ETHFI (valeur maximale de 3,5 millions de dollars), 1 733 342 tokens REZ (valeur maximale de 433 300 dollars), et 1 539 563 tokens ALT (valeur maximale de 1,02 million de dollars). Ces chiffres illustrent l’ampleur des airdrops reçus par les employés, renforçant les préoccupations concernant les conflits d’intérêts potentiels au sein de l’entreprise.