Ethereum France, une légende de la blockchain – Rencontre avec Jerome De Tychey
Au cœur de la révolution blockchain en France, Ethereum France se démarque comme un acteur essentiel, et ce, depuis de nombreuses années. En effet, créée en 2015, bien avant que la blockchain n’inonde les débats médiatiques, l’association s’est positionnée comme un pilier de l’écosystème Ethereum. Avec à sa tête, notre invité de la semaine, Jérôme de Tychey, figure incontournable du paysage crypto francophone, Ethereum France ne s’est pas contentée de suivre le mouvement : elle l’a souvent initié.

Une rencontre avec Bitcoin : l’étincelle initiale
Jérôme de Tychey a découvert Bitcoin presque par accident. « Je faisais de la recherche en économie et par hasard, je suis tombé sur le White Paper de Bitcoin, » raconte-t-il. La curiosité, presque un clin d’œil du destin : « Mon voisin lisait le papier de Satoshi Nakamoto, et je lui ai demandé : C’est quoi ? Sa réponse : C’est un Japonais qui fait des monnaies sans banque centrale.»
Son passé de gamer a alors pris une tout autre dimension. « J’ai découvert qu’on pouvait créer des bitcoins en utilisant ses cartes graphiques. Comme j’en avais plusieurs à la maison, je me suis dit : Tiens, je vais commencer à m’y intéresser. »
Ce premier contact avec le mining a façonné la suite de son parcours. À l’époque, le terrain était encore vierge, et les mineurs basculaient d’une blockchain à une autre en fonction des opportunités, dans un monde où les GPU régnaient en maîtres. « Les cartes graphiques étaient complètement généralistes, on pouvait vraiment miner tout et n’importe quoi dessus, » se remémore-t-il. Mais ça, c’était avant.
Ethereum : de la curiosité au projet structurant
Quand Ethereum est apparu, Jérôme a tout de suite compris que cette blockchain allait au-delà du simple échange de valeur. Avec ses contrats intelligents (smart contracts), elle ouvrait la porte à une multitude d’applications. « Dès le début d’Ethereum, je me suis lancé dans le mining,» raconte-t-il. Mais ce n’est pas seulement le mining qui l’a séduit : « Ethereum a choisi un algorithme difficilement adaptable à des machines dédiées, ce qui a permis de garder les cartes graphiques accessibles. Cela évitait la centralisation que l’on voyait déjà sur Bitcoin avec les ASIC. »
Dans cet écosystème naissant, Jérôme et d’autres pionniers – comme Marc Zeller, Simon Polrot et Adrien Charlan – ont décidé de structurer une communauté française autour d’Ethereum. Ainsi est né Ethereum France. « Nous avons créé Ethereum France avant même que le nom Ethereum ne soit enregistré comme marque,» précise-t-il.
Du mining sur Ethereum ? La minute définition
Pour ceux qui sont tombés il y a peu dans la marmite crypto, entendre parler de mining sur Ethereum peut surprendre. Comprenons bien. Ethereum ne se mine plus depuis la fusion (The Merge) conformément à la roadmap d’un de ses créateurs Vitalik Buterin. The Merge a eu lieu en septembre 2022. Ce tournant historique a marqué la transition d’Ethereum du proof of work (preuve de travail) – un mécanisme de consensus gourmand en énergie, utilisé notamment par Bitcoin – vers le proof of stake (preuve d’enjeu).
Pourquoi abandonner le proof of work ?
Le proof of work repose sur la puissance de calcul, souvent fournie par des cartes graphiques (GPU) ou des ASICs, pour sécuriser le réseau. Bien que ce système ait fait ses preuves, il présente plusieurs limites :
- Une consommation énergétique colossale : le mining consomme énormément d’électricité, ce qui a suscité des critiques face aux enjeux environnementaux actuels.
- Une centralisation progressive : avec l’apparition de matériel spécialisé comme les ASICs, le mining est devenu de plus en plus inaccessible aux particuliers, concentrant la puissance dans les mains de quelques grandes entreprises.
Les avantages du proof of stake
Avec le passage au proof of stake, Ethereum a changé de paradigme. Ce nouveau mécanisme ne nécessite plus de matériel coûteux pour sécuriser le réseau. À la place, les validateurs (l’équivalent des mineurs) doivent verrouiller un certain montant d’Ether (ETH) dans un contrat intelligent pour participer au consensus. Parmi les avantages du proof of stake :
- Une consommation énergétique réduite de plus de 99 % : un argument crucial dans un contexte de transition écologique.
- Une accessibilité accrue : contrairement au mining, il n’est pas nécessaire d’investir dans du matériel ; tout détenteur d’ETH peut devenir validateur (ou déléguer son ETH à un validateur).
- Une sécurité renforcée : les validateurs risquent leur propre Ether en cas de comportement malveillant, ce qui incite à adopter une attitude responsable.
Fin de la minute définition, revenons-en à nos moutons.
Ethereum France : en mission pour les cryptomonnaies
Ethereum France ne se contente pas de rassembler les passionnés de blockchain : elle joue un rôle éducatif fondamental aussi pour des développeurs, entrepreneurs et utilisateurs autour de la blockchain Ethereum. L’association est à l’origine de nombreux événements, dont l’Ethereum Community Conference (EthCC), qui est devenu l’un des plus grands rendez-vous Ethereum en Europe. Jérôme se souvient : « En 2017, nous avons organisé notre premier événement à Paris avec 400 personnes. À l’époque, c’était énorme. »
Ce succès n’est pas le fruit du hasard, mais d’une gestion méthodique. « Notre conférence est organisée en cost-plus-10%, ce qui constitue notre réserve de croissance,» explique-t-il. Ethereum France se finance de manière hybride, avec 60 % des fonds provenant des sponsors et 40 % des participants. Ce modèle permet de rester indépendant tout en assurant une qualité d’organisation exemplaire.
Ethereum France aujourd’hui : un acteur structurant
Aujourd’hui, Ethereum France continue de porter l’étendard de l’écosystème Ethereum en France. L’association n’a jamais cherché à dépendre financièrement d’entités externes, préférant se bâtir sur la passion et l’engagement. « Nous n’avons jamais reçu de financement de la Fondation Ethereum, sauf une fois où ils nous ont prêté 100 000 euros pour un dépôt,» souligne Jérôme.
Loin de se limiter aux conférences, Ethereum France soutient l’innovation, notamment avec des initiatives comme Cometh, une plateforme mêlant jeu vidéo et blockchain. Récemment enregistrée en tant que PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) en France, Cometh, autre bébé de Jerome de Tychey, reflète cette volonté d’intégrer la blockchain dans des industries variées tout en respectant les cadres réglementaires. Une volonté qui déteint jusque dans le discours de Jerôme à qui nous laissons le mot de la fin et celui du début :
« Achetez des cryptomonnaies, testez-les, trompez-vous d’adresse, perdez vos fonds. C’est une vraie autoformation. Le simple fait de manipuler des cryptos est un excellent apprentissage. »
Partager cet article :

Magali Bourdou
Co-fondateur