Bitcoin : quels défis pour l’avenir ? Charles Guillemet de Ledger partage son avis
Dans un article détaillé, Charles Guillemet, Chief Technology Officer (CTO) de Ledger, met en lumière deux défis majeurs pour le futur du Bitcoin : la sécurité et la scalabilité. Bien que la cryptomonnaie célèbre cette année ses 15 ans, ces deux aspects sont des enjeux critiques à résoudre pour permettre une adoption massive du réseau. Le Bitcoin, souvent qualifié de révolution technologique, doit encore surmonter ces obstacles pour assurer sa pérennité. On fait le point
La sécurité du Bitcoin menacée par la baisse des récompenses pour les mineurs
Le Bitcoin repose sur un mécanisme de consensus décentralisé. Chaque nœud du réseau valide les transactions pour assurer leur légitimité. Les mineurs jouent un rôle clé dans ce processus en créant des blocs et en sécurisant le réseau. En échange, ils sont rémunérés en Bitcoin. Cependant, cette récompense diminue de moitié tous les quatre ans lors du halving, ce qui pourrait menacer leur incitation à continuer.
Comme l’explique Charles Guillemet, cette diminution progressive des récompenses pourrait à terme affecter la sécurité du réseau :
« Si les récompenses des mineurs continuent de baisser, il faudra compenser par une hausse des frais de transaction pour maintenir un réseau sécurisé.«
Si le prix du Bitcoin ne croît pas suffisamment pour compenser cette baisse, de nombreux mineurs pourraient arrêter leurs activités, ce qui affaiblirait la sécurité du réseau en réduisant la puissance de calcul nécessaire pour défendre la blockchain contre d’éventuelles attaques.
Satoshi Nakamoto, le créateur pseudonyme de Bitcoin, avait anticipé cette transition, en comptant sur une augmentation des frais de transaction pour remplacer les récompenses des mineurs. Cependant, rien ne garantit que cette transition se déroulera sans heurts. Si les frais ne suffisent pas, l’incitation à miner diminuera, ce qui fragilisera la sécurité de l’ensemble du réseau.
La scalabilité : un obstacle majeur à l’adoption globale
Un autre défi crucial identifié par Charles Guillemet est celui de la scalabilité. Actuellement, le réseau Bitcoin ne peut traiter qu’environ 7 transactions par seconde (Tx/sec), ce qui est bien insuffisant pour une adoption mondiale. En comparaison, le réseau Visa traite en moyenne 2 000 transactions par seconde, avec des pics allant jusqu’à 20 000 Tx/sec.
Pour devenir un système financier à grande échelle, Bitcoin doit améliorer sa capacité transactionnelle. Le Lightning Network, une solution de Layer 2 (L2), a été proposé pour résoudre ce problème. Il permet de traiter des transactions hors chaîne avant de les regrouper sur la chaîne principale. Cependant, cette solution comporte des limites : « Le Lightning Network optimise les transactions, mais ne résout pas fondamentalement le problème de la lenteur du réseau principal, » précise Guillemet. Le modèle de sécurité exige que les utilisateurs soient connectés en permanence pour surveiller les transactions et prévenir la fraude.
En outre, le Lightning Network fonctionne avec des canaux de paiement dont la capacité est limitée. Pour augmenter cette capacité, il faut revenir à la chaîne principale, ce qui complique encore le processus et montre que la scalabilité reste un défi majeur.
Une conclusion pleine d’enjeux technologiques et économiques
Pour que Bitcoin puisse jouer un rôle central dans le système financier global, il doit surmonter ces deux défis majeurs : sécurité et scalabilité. Si les récompenses pour les mineurs continuent de diminuer, et si les frais de transaction ne compensent pas cette baisse, la sécurité du réseau pourrait être menacée, entraînant un risque de vulnérabilité.
La scalabilité est également cruciale pour l’avenir. Si le réseau ne parvient pas à traiter un nombre croissant de transactions, il deviendra coûteux et inefficace pour les utilisateurs quotidiens. Cela pourrait pousser certains à se tourner vers des solutions alternatives comme le Wrapped Bitcoin (WBTC) sur d’autres blockchains ou des produits financiers centralisés comme les ETF.
Comme le souligne Charles Guillemet, des technologies comme les rollups et les ZK proofs pourraient permettre d’améliorer la scalabilité tout en préservant la sécurité du réseau : « Les ZK proofs sont une innovation prometteuse qui pourrait permettre de vérifier des transactions rapidement, tout en garantissant la confidentialité et l’intégrité du réseau. »
En conclusion, bien que le Bitcoin ait parcouru un long chemin en 15 ans, son avenir repose sur sa capacité à innover et à s’adapter aux besoins croissants du marché. Sa viabilité dépendra de la manière dont il résoudra ces deux défis fondamentaux.
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Antoine Marchain
Co-Fondateur