Alephium, blockchain Proof of Work : la résistance s’organise

Solana - blockchainaddict.fr

Proof of Work ou Proof of Stake ? Une question que Maud d’Alephium ne se pose plus : pour elle, le choix est fait.

Alors que la majorité des nouvelles blockchains optent pour le Proof of Stake (PoS), jugé plus rapide, moins énergivore et plus accessible, Alephium choisit un autre chemin. Celui du Proof of Work (PoW), ce mécanisme qui a fait la force et la réputation de Bitcoin, mais que beaucoup considèrent comme obsolète.

Alephium est une blockchain Layer 1, c’est-à-dire une blockchain de base, qui n’est pas dépendante d’une autre pour fonctionner. Elle a été conçue dès le départ pour supporter les smart contracts, être scalable (c’est-à-dire capable de gérer un grand volume de transactions) et programmable. Et cela, sans renier les fondamentaux du Web3 : la décentralisation, la transparence, la résistance à la censure. Un parti pris rare et assumé.

« Ce qu’on voulait avec Alephium, c’était partir sur des bases technologiques très différentes pour avoir des trade-offs différents aussi. » 

Ethereum France - blockchazinaddict

De l’ICO au Proof of work

Maud découvre la blockchain en 2017, au coeur du bull run historique qui a vu le Bitcoin atteindre les 20 000 dollars. A l’époque, elle pense simplement aider une communauté sur Telegram. 

Mais très vite, son implication devient totale : elle passe 15 heures par jour à répondre aux utilisateurs, même le soir de Noël. Un engagement de terrain, qui la confronte aux limites techniques et humaines de l’industrie.

Cette expérience fondatrice l’amène à rejoindre Alephium. Aujourd’hui, en tant que COO, elle coordonne les opérations, les équipes, les relations communautaires et les initiatives stratégiques. Son passé dans un crypto exchange et une start-up tech l’a dotée d’une compréhension fine des dynamiques écosystémiques.

Alephium : scalabilité, sécurité et exécution intelligente

Alephium répond à un triple besoin : être sécurisée comme Bitcoin, programmable comme Ethereum et scalable comme les blockchains de nouvelle génération. Le projet mise sur une architecture originale, mêlant modèle UTXO (issu de Bitcoin) et account-based (comme Ethereum). Cette fusion permet une meilleure parallélisation des transactions et une plus grande flexibilité de programmation.

Avec un block time de 16 secondes (bientôt 8), Alephium propose une expérience utilisateur fluide, même en cas d’affluence sur le réseau. Les tests en cours visent déjà les 20 000 transactions par seconde.

« On voit ça comme le meilleur des deux mondes : la sécurité du Proof of Work, avec la scalabilité et la programmabilité qu’on retrouve ailleurs. » 

ALPH : un token miné lentement, pensé pour durer

Là encore, Alephium se distingue. Le token ALPH n’est pas préminé, ni distribué massivement en amont. Il est miné progressivement sur 80 ans, avec une inflation extrêmement lente et prévisible.

« Aujourd’hui, 20 % du supply a été miné, et les 80 % restants le seront sur les 80 prochaines années. » 

Pas de halving brutal comme sur Bitcoin. Pas non plus de courbe d’émission ultra rapide comme chez Kaspa. Ce choix assure une rémunération stable pour les mineurs et une meilleure visibilité pour les développeurs et investisseurs. Une « tail emission » viendra compléter le modèle à long terme, pour garantir la viabilité du réseau au-delà des 80 ans.

Le PoW, une ressource… durable ?

Alors que le Proof of Work est souvent pointé du doigt pour sa consommation énergétique, Maud défend une vision nuancée et surtout documentée. Elle rappelle que le PoW peut être un levier d’optimisation énergétique, de valorisation des surplus (solaire, hydro, éolien) et même de stabilisation de réseau. Sujet également abordé lors de notre interview avec Sebastien Gouspillou.

« Le mining est une des seules technologies capables de résoudre des défis environnementaux sans subvention publique. » 

L’exemple texan parle de lui-même : grâce au minage, l’État a évité 18 milliards de dollars d’investissements dans des infrastructures à gaz, tout en renforçant la résilience de son réseau électrique.

Nœuds, accessibilité, et désintermédiation

Derrière les nœuds de la blockchain se joue une bataille silencieuse : celle de l’accessibilité et de la souveraineté technique. Alors que certaines blockchain PoS nécessitent des serveurs coûteux, Alephium permet de faire tourner un nœud… sur un Raspberry Pi.

« On peut faire tourner un nœud Alephium sur un Raspberry Pi. C’est ça, la décentralisation. » 

Un détail technique et durable qui a des conséquences politiques : n’importe qui peut vérifier les transactions, sans passer par un tiers. C’est la base de la désintermédiation.

Stablecoins, NFT, oracles : un écosystème en marche

Malgré sa jeunesse, Alephium bénéficie d’un écosystème fonctionnel : bridges vers USDT/USDC, oracles, plateformes NFT, protocoles de lending et même stablecoin natif (AlphBanx). La tokenisation d’infrastructures énergétiques est également en cours.

« Même si on est une jeune blockchain, on a eu pas mal de traction grâce à ces ponts vers les stablecoins. » 

La réalité est là : développer un nouvel environnement, avec une VM et un langage propres, prend du temps. Mais cela ouvre la voie à une indépendance technologique bien plus solide.

Innovation radicale, cohérence totale

Alephium n’est pas un coup de com’. C’est une infrastructure, un outil, mais aussi une idée : que l’on peut construire une blockchain rapide, efficace, programmable, sans renier les valeurs fondatrices du Web3. 

Et si l’avenir était fait de compromis choisis, plutôt que subis ? A Maud de nous répondre avec le mot de la fin : 

« On veut montrer qu’il n’est pas nécessaire de compromettre la décentralisation pour avoir un écosystème performant. » 

Antoine Marchain

Antoine Marchain

Co-Fondateur