Bitcoin, crypto, régulation et géopolitique : entretien avec Stanislas Barthelemi (ADAN)

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 « Je suis utilisateur de DeFi, de stablecoins, client de brokers… C’est cette passion qui nourrit mon action à l’ADAN. »

Alors que l’industrie crypto française est secouée par des questions de régulation, de sécurité et de compétitivité, une voix s’élève pour défendre l’écosystème, dialoguer avec les pouvoirs publics et faire avancer les lignes : celle de Stanislas Barthelemi, président de l’ADAN, l’Association pour le développement des actifs numériques.

Rencontré pour une interview exclusive sur Blockchain Addict, ce passionné du Web3 à double casquette (il dirige également la practice crypto de KPMG France) nous partage son engagement, sa vision et son combat quotidien pour que la France ne rate pas le virage de l’innovation.

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Une passion pour la blockchain, depuis les bancs de Sciences Po

Stanislas n’est pas tombé dans la marmite crypto par hasard. Très tôt, dès ses études à Sciences Po, il croise la route de Laure de La Raudière, alors députée investie sur les sujets blockchain. Puis vient une première expérience à Bpifrance, où il découvre un secteur en pleine effervescence. 

C’est chez Blockchain Partner qu’il fait ses armes, aux côtés d’Alexandre Stachtchenko et Claire Balva, avant que la structure ne soit rachetée par KPMG.

Aujourd’hui, il dirige une équipe de 12 personnes chez KPMG, avec une double mission : accompagner les banques traditionnelles sur la tokenisation, et aider les acteurs cryptos à se structurer et se conformer aux normes européennes.

L’ADAN, plus qu’un lobby : une voix collective pour le Web3

À la tête de l’ADAN, Stanislas n’a pas le temps de souffler. L’association regroupe près de 200 membres, de toutes tailles : des startups aux grandes banques. Elle agit comme interface avec les régulateurs, les parlementaires, les ministères… et surtout Bruxelles, où tout se joue.

 « Ce qui nous différencie, c’est notre capacité à porter une parole claire et commune face aux institutions. »

L’enjeu ? Faire entendre une voix unifiée sur les questions que se pose l’écosystème : régulation MiCA, statut PSAN/CASP, tokenisation, stablecoins, sécurité informatique… Tout en déconstruisant les préjugés qui collent encore à la peau du secteur.

Sécurité : vers une meilleure coopération avec l’État

Par exemple, face à la recrudescence d’attaques contre des entrepreneurs crypto (menaces physiques, séquestrations…), l’ADAN a noué un dialogue avec le ministère de l’Intérieur, en particulier le ComCyber-Mi dirigé par le général Duon.

Objectif : sensibiliser, former, anticiper.

« On travaille sur des recommandations de bonnes pratiques en matière d’hygiène numérique. L’État fait sa part, à nous aussi de faire la nôtre. »

D’ailleurs, une avancée concrète est déjà en cours : l’obfuscation des adresses personnelles sur les Kbis, pour protéger les fondateurs. Un premier pas vers une meilleure protection des professionnels du secteur.

Le casse-tête MiCA : entre espoir et frustration

Si l’Europe a été pionnière avec le règlement MiCA, cette avance réglementaire est aujourd’hui un frein pour de nombreux projets.

 « C’est à la fois une bénédiction et un enfer. On a défini des concepts tôt, mais ça se retourne contre nous quand les usages évoluent. »

Stanislas appelle à plus de souplesse, notamment via des exemptions pour l’innovation, des bac à sable réglementaires et une meilleure anticipation des évolutions futures (staking, DeFi, real-world assets…).

DinoVox, premier membre polynésien de l’ADAN

Dans cette dynamique d’ouverture, une nouvelle réjouissante est venue du Fenua : DinoVox, partenaire de Blockchain Addict et pionnier du Web3 en Polynésie, vient de rejoindre les rangs de l’ADAN.

L’entreprise devient ainsi la première structure polynésienne et même de l’hémisphère sud à intégrer l’association. Une adhésion qui vient renforcer la voix des territoires ultramarins dans les débats nationaux et européens.

Source : X

L’union fait la force

Malgré les obstacles, Stanislas reste profondément optimiste. Pour lui, tout repose sur la maturité collective de l’écosystème.

« Si on ne parle pas d’une seule voix, on va se faire défoncer. » 

En clair : seul un dialogue constructif, transversal et déterminé peut permettre à l’Europe de rivaliser avec les États-Unis sur le terrain du Web3. Et à la France de garder ses talents.

Magali Bourdou

Magali Bourdou

Co-fondateur